Delsha va chercher la couverture.

Delsha

J'avais rarement senti un tel bonheur.

Je me grisais de ma propre vitesse, le vent me fouettant le visage, je sautais sans peine les bosquets et les rivière qui me voyaient passer depuis bien des années, et galopait en fermant les yeux. J'aimais sentir sous mes sabots cette neige familière que j'avais survolé des dizaines de fois... Et les flocons blancs sur ma robe palomino. Oui, j'appréciais le son de toute cette matière blanche crisser sous mes pas... Et ce feu qui brûlait en moi... Je ne m'en souciait plus. Mon esprit voguait dans un monde d'odeurs et de paysages connus de moi seule. Toute petite je m'étais aventurée ici. Pas une fois je ne l'avais regrettée. Une seule question se posait à moi : Si je trouvais un propriétaire, ressentirai-je tout cela? Et une seule réponse s'imposait : Probablement pas. Mon objectif avait changé. Si j'aimais la compagnie des humains, celle des autres chevaux m'était infiniment plus agréable. J'avais pris soin d'utiliser des détours. Et ce n'est qu’après une demi-heure que je parvins là où Stone s'était arrêté, soit pas si haut que ça. Je posai la couverture sur mon dos et repartit au galop. Je m'arrêtai brusquement. Je vis un loup devant moi. Mais je n'avais pas peur. Je savais qu'ils ne s'attaquaient qu'aux proies plus petites; d'autant plus que celui là était seul. Je poussai un doux hennissement pour le saluer et repartit au galop, ma longue crinière blanche volant derrière moi. Le dernier rayon du soleil m'éclaira la tête; je me cabrai pour lui dire que nous nous reverrons.